Carta de Agostinho Neto a Diallo Telli, Secretário Geral da OUA

Cota
0089.000.018
Tipologia
Correspondência
Impressão
Dactilografado (2ª via)
Suporte
Papel Comum
Remetente
Agostinho Neto
Destinatário
Diallo Telli
Data
Idioma
Conservação
Razoável
Le 17 janvier 1967

A SON EXCELLENCE
M. DIALLO TELLI
SECRETAIRE GENERAL DE L’ORGANISATION DE L’UNITE AFRICAINE
ADDIS - ABEBA
E T H I O P I E


PRESIDENCE
0046/177/67

Excellence:

I- Le Comité Directeur du Mouvement Populaire de Libération de l’Angola, – MPLA – a l’honneur de s’adresser aux organismes de l’Organisation de l’Unité Africaine et à Son Excellence le Président de la République Démocratique du Congo en vue d’éclaircir a tous les Responsables de l’opinion publique africaine, sa position en ce qui concerne la réalisation à Kinshasa de la Xème Session du Comité de Libération de l’Afrique, fixée pour le 28 janvier 1967.
Un Mémorandum contenant le bilan de nos activités et d’autres aspects de notre lutte a été remis déjà au Secrétariat Exécutif du Comité de Libération de l’Afrique à Dar-Es-Salaam.

II- Le MPLA s’est vu interdire an 1963 toutes les activités sur le territoire de la République Démocratique du Congo, sous prétexte que l’OUA avait reconnu un «gouvernement en exil». C’est ainsi que les MPLA a dû installer son siège provisoire à Brazzaville et par la perdre la possibilité de développer son activité tout près de la longue frontière congo-angolaise.
Cependant, le MPLA a su maintenir, dans les conditions difficiles crées par cette décision, l’activité patriotique de son organisation à l’intérieur du pays, la développer comme aucune aître organisation ne l’a fait, pour aboutir à l’étape actuelle avec trois fronts de combat dans les districts de Cabinda, du Moxico et du Cuanza-Norte.
De la même façon que le MPLA a pris la responsabilité de déclencher l’action directe le 4 février 1961 contre le colonialisme portugais, il l’a pris encore en engageant maintenant la région sud de notre pays dans la lutte armée. Ceci, parce que le MPLA continue à s’affirmer comme une organisation profondément enracinée dans le Peuple, une émanation de la volonté populaire et véritablement patriotique. Le MPLA défende et défendra toujours les vrais intérêts de notre Peuple et enrichira toujours le contenu révolutionnaire de la lutte armée pour l’Indépendance complète.
Ce sont ses caractéristiques politiques et la profonde analyse faite par les organismes de l’OUA en 1964 qui ont amené le MPLA à être reconnu au même titre que le soit-disant «grae». Le prestige du MPLA comme organisation capable de conduire la lutte armée de notre Peuple ne cesse d’accroitre dans les pays africains et dans le monde.
Toutefois, malgré tous les efforts, pétitions, demandes et lettres envoyées au Gouvernement de la République Démocratique du Congo, le MPLA n’a pas encore vu réexaminer la position de ce Gouvernement en ce qui concerne la reprise de nos activités sur le territoire congolais. D’autre part, des dizaines de militants du MPLA, dont le membre du Comité Directeur, João Gonçalves BENEDITO, ont été arrêtés au Congo-Kinshasa par individuos portant l’uniforme de l’armée congolaise. Nos camarades ont été transportés à la «base» de Kinkuzu, d’où les nouvelles n’arrivent pas jusqu’à ce moment.
Tandis que ces arrestations ce faisaient régulièrement, la Chambre des Députés de la R.D.C. a pris la décision d’inscrire le problème angolais dans son ordre du Jour. Une Sous-commission de la Commission des Affaires Etrangères de la Chambre a été nommée pour enquêter sur les activités des nationalistes angolais. Une délégation composée de douze membres s’est déplacée à Brazzaville pour rencontrer le Président du MPLA et elle a voulu voir les bases opérationnelles du MPLA dans le district de Cabinda.
Comme résultat du travail de la Chambre des Députés, une recommandation a été faite au Gouvernement. Nous retenons un point de la recommandation proposant la liberté immédiate des angolais arrêtés – dont l’existence elle a vérifié – et que les «angolais ne pouvaient pas être arrêtés ni poursuivis qu’en accord avec les lois congolaises».
Le MPLA regrette que cette recommandation ne soit pas appliquée et que nos camarades souffrent toujours dans les geôles de Kinzuku dans qu’aucune instance – le Gouvernement congolais ou l’Organisation de l’Unité Africaine – ne puissent venir en leur secours.
III - Toutes les tentatives pour arriver à l’unité d’action ont échoué en raison du refus systématique du prétendu «grae»d’accepter toute forme de coopération dans la lutte. Peut-être pour conserver en exclusif les bénéfices d’une base logistique précieuse - le territoire congolais - et sur qu’il est du soutien du Gouvernement congolais aussi en exclusif.

Les Accords du Caire qui étaient une base positive pour essayer la coopération ont été une fois de plus dénoncés et violés par le soi-disant «grae», comme tous les autres dans le passé. (Rappelons que le MPLA a dû oublier les massacres, les arrestations et les violences commises par l’UPA dans le passé, contre les militants du MPLA, pour arriver à cet accord, au nom et dans l’intérêt de la lutte de notre Peuple). La violation la plus flagrante est l’arrestation et le maintien en prison des militants du MPLA, notamment, nous le rappelons, celle du membre du Comité Directeur du MPLA, João Gonçalves BENEDITO, arrêté après la signature de ces accords.
Pour cette raison, Excellence, le MPLA ne voit pas l’utilité du travail de la Commission Militaire d’enquête nommé au cours de la dernière réunion des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine à Addis-Abeba. Cette Commission a été demandée par le MPLA pour donner à l’OUA une vue objective de la situation concrète en Angola et pour aider à trouver les solutions du Front Uni, lequel devrait être l’aboutissement des démarches déboutés par les Accords du Caire. Etant donné que ceux-ci ont gravement violés, le MPLA ne voit pas l’utilités de la visite de telle Commission Militaire dans ses bases opérationnelles. Les Accords du Caire ont été déjà vidés de leur contenu t de leur validité par le «grae» et le MPLA considèrent par conséquence sans effet.

N’importe quelle Commission d’Enquête de l’OUA sera la bienvenue dans les zones contrôlées par le MPLA, mais non pas, pour le moment, dans le cadre d’une recherche de l’Unité du Mouvement nationalité angolais.

IV - Le Comité Directeur du MPLA manifeste son inquiétude en ce qui concerne la réunion du Comité de Libération de l’Afrique à Kinshasa, ou, le problème de la lutte en Angola est la tête de la longue liste d’importants problèmes à analyser.
Etant donné la protection accordée jusqu’à maintenant par les autorités de la R.D.C. au prétendu «grae», malgré son tribalisme, son caractère réactionnaire et son incapacité déjà démontré depuis 1961 pour diriger la lutte de notre Peuple, et malgré l’évidence de l’action positive et patriotique du MPLA, les quelques actions de frontière menées par le «grae» peuvent être hypertrophies et présentés comme la “vraie guerre de libération”, tandis que le véritable dirigeant du Peuple angolais - le MPLA - n’aurait pas ce dont il a le droit.
Dû aux mesures policières arbitraires dont le «grae» se fait champion à Kinshasa avec la bienveillance de certaines autorités de la R.D.C., les membres du Comité Directeur du MPLA ne pourront pas se rendre à Kinshasa sans courir le risque d’être privés de leur liberté ou au moins de la tranquillité d’esprit nécessaire à une discussion approfondie et fructueuse. En outre le climat de persécution que règne à Kinshasa par rapport aux militants de notre orgavement [?], les obligent à vivre chaque jour et chaque moment dans la crainte constante de violences. A ceci ont doit ajouter l’impossibilité de nous rendre en toute liberté à la frontière Congo-Angolaise, afin de mettre en évidence les perspectives excellentes existantes pour le MPLA pour le développement de notre lutte de libération.

Le Comité Directeur du MPLA a l’honneur de communiquer à V. Excellence, compte-tenu de tout ce qui vient d’être dit, qu’il sera très difficile aux membres dirigeants du MPLA de se présenter devant le Comité de Libération de l’Afrique comme il était son plus profond désir, les garanties de sécurité étant inexistantes; qu’il se réserve a toute décision, sur la lutte de notre Peuple, prise par le Comité de Libération de l’Afrique sous la pression d’une ambiance où il est évident le manque des conditions primaires pour que l’Organisation dirigeant de la lutte - le MPLA - trouve sa liberté d’action.
Nous tenons à insister sur le fait que le Comité de Libération de l’Afrique se réunira au même moment et sur le même territoire où dizaines de patriotes, combattants de la liberté, sont emprisonnés par le seul crime de vouloir lutter pour l’Indépendance de leur pays.
Le MPLA est conscient de sa responsabilité dans la lutte de libération de notre Peuple. Il est aussi de l’appui populaire dont il jouit dans toutes les couches de la population de notre pays, du travail réalise et des perspectives nouvelles ouvertes pour le développement de la lutte contre les colonialistes.
Ceci étant, le MPLA, seul dirigeant capable de la lutte émancipatrice du Peuple angolais, attend de l’OUA, des pays africains et de tous les Responsables africains un soutien sans réserves notre lutte et espère que nous tous surmonterons les problèmes qui, a cette étape, semblent encore diviser le nationalisme angolais. Nous pensons que ce n’est pas en rejetant, des raisons subjectives, une force réelle de la lutte de libération qu’on contribue efficacement pour la développer.
Le MPLA saisi cette occasion pour renouveler à V. Excellence les meilleurs Vœux pour la Nouvelle Année.
Veuillez agréer, Excellence, de nos sentiments les plus distingués.

AU NOM DU COMITE DIRECTEUR DU MPLA,

Dr. Agostinho NETO
- Président -

NS.- Le même texte a été adresse a:
Son Excellence Joseph Désiré Moboutu
Son Excellence Justin Bomboko
et a Monsieur A. Magombe.

Carta de Agostinho Neto, Presidente do MPLA (Presidence 0046/177/67 - Brazzaville) a Diallo Telli, Secretário Geral da OUA. Foi com cópia para Joseph Désiré Mobutu; Justin Bomboko e A. Magombe

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